Interview publiée dans le magazine Valeurs Actuelles – octobre 2017
– Comment percevez-vous les nouvelles dispositions fiscales sur l’assurance vie voulues par Emmanuel Macron ?
Ces nouvelles dispositions offrent plus de lisibilité, sont moins excessives que les précédentes, et les abattements et exonérations sont conservés. Pour les contrats supérieurs à 150 k€, la flat tax à 30% offre des conditions de rachat nettement plus avantageuses dans les 4 années qui suivent la souscription du contrat. Le prélèvement n’est que de 30% au lieu 50.5% précédemment. En revanche, l’épargne à long terme devient paradoxalement moins intéressante fiscalement (prélèvement de 30% au lieu de 23% après 8 ans).
En tant que gestionnaire d’actifs, nous pouvons nous demander si la flat tax ne va pas encourager les épargnants à revenir dans l’économie réelle au travers des comptes titres par exemple.
L’assurance vie conservera bien entendu son atout majeur dans le cadre de la planification successorale, mais les épargnants auront désormais le choix de moins souscrire une assurance vie avec du fonds euro (Loi Sapin II et les faibles rémunérations), au profit de placements financiers plus dynamiques.
– En quoi les contrats luxembourgeois sont-ils attrayants en termes en fiscalité ?
La fiscalité luxembourgeoise est « neutre », cela signifie que seule la fiscalité du pays de résidence s’applique. Il n’y a donc pas d’attrait fiscal mais cela évite le risque de double taxation dans le cas d’expatriés qui changent de résidence fiscale. En effet, selon les conventions, un contrat français peut être imposé en France et dans le pays d’expatriation.
Un des atouts majeurs des contrats luxembourgeois est le niveau de protection de l’épargnant qui est unique en Europe. Connu sous le nom de « triangle de sécurité », ce régime confère au souscripteur le statut de créancier privilégié de premier rang et assure la séparation légale et physique entre les avoirs des souscripteurs d’une part et les actifs des actionnaires/créanciers de la compagnie d’autre part. En outre, la gestion des actifs est soumise à des règles strictes impliquant une transparence accrue et une grande diversité des actifs éligibles, aussi bien cotés que non cotés.
– Pour quels montages un détenteur de contrat français peut-il opter ?
Il n’y a pas de montage qu’un détenteur puisse choisir. Toutefois les familles fortunées sélectionnent les contrats luxembourgeois car les assureurs offrent des contrats multidevises, multisupports et multi-gestionnaires. D’ailleurs les gestionnaires d’actifs luxembourgeois répondent à l’ensemble des exigences financières des souscripteurs en élaborant des stratégies d’investissement personnalisées (ETF, Actions US, fonds de Private Equity …). Avec le temps, l’assurance vie luxembourgeoise est devenue un outil de gestion d’actifs aussi performant qu’un compte titre, tout en prévoyant une planification successorale.
– Que proposez-vous dans la composition du contrat pour optimiser le rendement ?
Le contexte actuel nous invite à la prudence. L’économie se porte bien mais les marchés sont relativement chers et les principales banques centrales s’apprêtent à réduire leur soutien à l’économie et remonter leurs taux directeurs. Il faut s’attendre à un retour de la volatilité et surveiller l’inflation qui va donner le rythme auquel va se dérouler ce processus.
Nous veillons donc à réduire notre risque taux en sélectionnant des fonds obligataires avec des durations courtes et en favorisant les valeurs value ou cycliques dans notre poche actions, car moins sensibles aux taux d’intérêts et plus à même de tirer parti de l’amélioration de la conjoncture en Europe. Enfin, nous avons graduellement augmenté notre exposition à plusieurs fonds de performance absolue de grande qualité afin de profiter d’un couple rendement/risque attractif et d’une faible corrélation avec les autres actifs du portefeuille.